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Affichage des articles du mai, 2021

Rien qu'un baiser ! No. : 003

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  Elios Pierre-Louis Je passais la semaine à l’intérieur de chez madame Frank maintenant devenu ma maison. J’y étais de toute mon aise, et la dame, vraisemblablement, n’était pas pressée de me voir partir. « J’aime bien quand tu es là, m’eut-elle avoué un soir alors que nous soupions. Tu vois, quand vient la nuit et seules les lampes sont allumées, toute la ville est devenue silencieuse, et je peux entendre alors toutes les plaintes de mon existence comme le bruit incessant du marteau d’un forgeron dans les profondeurs de mes oreilles. La nuit, seule, est effroyable pour les femmes comme moi, ma fille. » C’était une championne, ça je le savais. Son sourire était le trophée. Elle le brandissait pour faire fuir les mauvais souvenirs de sa vie et ses douleurs. Ce matin-là était exceptionnel pour moi. Il y avait un tsunami sur mon cœur. La ville se noyait à l’intérieur de moi, s’asphyxiait comme un martyre avec sa tête dans un sachet en plastique. Mes larmes, à mesure que je ...

Rien qu'un baiser ! No. : 002

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  Elios Pierre-Louis, @KONEKTE   Madame Frank disparut par derrière l’épaisseur du rideau de brocart, et me laissait seule avec le vide et le silence de la pièce. L’instant d’après, le bruit des ustensiles de cuisine me parvenait par bribes. Tout en s’affairant, elle entonnait un air évangélique. J’étais encore couchée, avec une tête qui refusait d’admettre la réalité. Je me ressentais indigne de cet environnement trop bienveillant vis-à-vis de ma personne. Ce sentiment de trop abuser de la générosité de la dame me tourmentait inlassablement. Un bâillement voulait déchirer en deux ma mâchoire. Je m’étirais longuement les muscles. La seconde d’après, comme je mis pieds à terre, un étourdissement prenait d’assaut ma tête. Madame Frank avait raison, j’étais faible et avais besoin de manger un bout. Je sortis de la chambre, impassible de constater la modestie de l’appartement : deux chambres à coucher, un salon et une salle à manger longée d’une petite cuisine consistant uniq...

Rien qu'un baiser ! No.: 001

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C'était la nouvelle du moment. Voilà, tout le monde le savait. J'étais la risée de tout le quartier. Je lisais des regards, des gestes, les gymnastiques de toutes celles qui se disaient mes amies pour m'éviter. Je lisais leurs nouvelles attitudes et pensées.  Ce n'est pas toujours évident, l'amour. Il faut le dire.  J'étais désormais seule. La vie était restée planter là, en face de moi, à me faire le pied de nez. On peut mourir de mille et une façons dans cette ville : se faire taxée de lesbienne en est une. La plus cruelle. La porte dont j’espérais la générosité ne s’ouvrit pas. Alors, il fallait la jouer tout pour la rue. Ma famille chrétienne d’adventiste me rejetait pratiquement. Quand on est fille de pasteur… Ma main se faufila machinalement dans ma poche pour en tirer deux billets de mille gourdes. C’est une grâce de la providence que je ne sois pas totalement à sec. Pas pour ce soir, en tout cas. Il faut croire que le dieu de mon père ne m’avait pas enco...

Bulletin météo

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Bulletin météo Il va pleuvoir ce soir Les montagnes fument Déjà leur calumet de nuages Le ciel s'enveloppe la tête De son foulard noir Et la volaille empaille De sa portée le creux de ses ailes Il va pleuvoir ce soir Le pêcheur sera pêché Et le vainqueur vaincu Il va pleuvoir ce soir De l'acide sur ce gros rocher Rocher qui a tant fait souffrir Rocher que l'on appelle coeur On verra moudre  Celui qui a tant moulu Oui volé sera le voleur Et violé le violeur Plus une dent ne restera  À la mâchoire De celui qui a longtemps mordu Et au marché des vers Enchérie sera sa chair Ô Jericho ô Jericho Combien de pierres  Te reste-t-il encore ? Ô mer rouge ô mer rouge Combien de litres tiennent vivantes Ta subsistance et ma souffrance ? Il pleuvra ce soir Une érosion de larmes Sur mon oreiller déboisé Nu de rêves et de sommeil Mes paupières perdront les eaux Et l'inondation qui va se voir naître Sera à me noyer l'amour Ô Douleur ô douleur Je ne suis pas ton fils Pourquoi m'a...

L'Oeil et l'Oreille

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  L'oeil et l'oreille (Fable) Il est arrivé dans un passé lointain Que, las de leurs maux, ces deux voisins Se rencontraient chez le doyen sorcier des bois,  Cherchant tous deux le pouvoir et le droit De la parole -le hasard tramait leur leçon.  Arrivés, déjà devine le devin, Seul par l'image et sans le son, Leur désir fervent à force de vin,  Les plaça dans une tête où sans détours Ils fusaient leurs plaintes, chacun à son tour. L'Oeil, enthousiasmé d'avoir l'organe,  Fit sortir de sa gargane : "Dès leur naissance, je fais mon devoir.  Oui, sans tromperie, je les permet de voir. Mais une jalousie me rend fort déçu : Je me déteste puisque je suis sourd Et même les vacarmes les plus lourds Près de moi passent inaperçus; Tandis que toi voisin une fête est ton temps : Aux doux mots des amoureux tu sembles si content ! Tu vis la vie de mon avis,  Tout ce que j'ai en grande envie." Son aveu ainsi terminé en pleurant,  L'Oreille expira un nuage de so...