L'oeil et l'oreille (Fable) Il est arrivé dans un passé lointain Que, las de leurs maux, ces deux voisins Se rencontraient chez le doyen sorcier des bois, Cherchant tous deux le pouvoir et le droit De la parole -le hasard tramait leur leçon. Arrivés, déjà devine le devin, Seul par l'image et sans le son, Leur désir fervent à force de vin, Les plaça dans une tête où sans détours Ils fusaient leurs plaintes, chacun à son tour. L'Oeil, enthousiasmé d'avoir l'organe, Fit sortir de sa gargane : "Dès leur naissance, je fais mon devoir. Oui, sans tromperie, je les permet de voir. Mais une jalousie me rend fort déçu : Je me déteste puisque je suis sourd Et même les vacarmes les plus lourds Près de moi passent inaperçus; Tandis que toi voisin une fête est ton temps : Aux doux mots des amoureux tu sembles si content ! Tu vis la vie de mon avis, Tout ce que j'ai en grande envie." Son aveu ainsi terminé en pleurant, L'Oreille expira un nuage de so...